Comment choisir son avocat et à quoi s’attendre lors de la première rencontre
Règle générale, lorsqu’on a besoin d’un avocat c’est qu’on se retrouve dans une situation problématique et/ou conflictuelle. Afin d’obtenir l’aide et les conseils juridiques appropriés pour résoudre cette situation, on devra nécessairement parler de sujets sensibles et exposer des détails de sa vie qu’on voudrait plutôt oublier; il faudra « se mettre à table ». C’est pourquoi la relation d’un avocat et son client doit être basée sur la confiance, une confiance mutuelle.
1. Le rôle et les obligations d’un avocat
L’avocat est un représentant de la justice chargé de conseiller, d’orienter et de représenter les intérêts de ses clients. Dans le cadre de son travail, il est soumis à plusieurs obligations, dont particulièrement celles du Code de déontologie des avocats. Mentionnons les plus importantes :
1.1 Devoir de confidentialité :
Il doit s’assurer de préserver le secret professionnel. Par conséquent, il doit s’assurer de la confidentialité de tous les renseignements relatifs aux affaires et activités de ses clients qui sont portés à sa connaissance dans le cadre de son travail. Ce devoir perdure après la fin du mandat et même après le décès du client. Le secret professionnel est absolu et d’ordre public, sous réserve de certaines circonstances vraiment exceptionnelles. Aucune autorité ne peut forcer un avocat à témoigner ou à communiquer des informations protégées par le secret professionnel.
1.2 Devoir d’éviter les conflits d’intérêts :
Un avocat a l’obligation d’éviter toute situation de conflit d’intérêts. Cette obligation découle du devoir de loyauté et de confidentialité. Dans le cadre de son travail, il ne doit pas se laisser distraire ou influencer par des considérations extérieures.
Art. 72 Code de déontologie des avocats : « Il y a conflit d’intérêts lorsqu’il existe un risque sérieux que l’intérêt personnel de l’avocat ou ses devoirs envers un autre client, un ancien client ou un tiers nuisent à ses devoirs envers le client… »
1.3 Devoir de compétence :
Un avocat doit agir avec compétence, honneur, dignité, intégrité, respect et modération. Avant d’accepter ou de poursuivre un mandat, l’avocat est obligé de tenir compte des limites de sa compétence et de ses connaissances. S’il estime que son manque d’expérience ou de connaissance met à risque la qualité de ses services ou une protection adéquate des intérêts du client, il doit en aviser son client.
2. Choisir un avocat
L’expertise et les compétences de l’avocat dans le domaine de droit pour lequel on consulte sont les premiers critères à considérer, et ce, avant les honoraires, l’emplacement du cabinet et même les recommandations obtenues des proches.
Le second critère : sa personnalité. Afin de développer le lien de confiance primordial à cette relation professionnelle, la qualité des rapports humains est importante.
Autre critère à considérer, sa disponibilité. Quoiqu’un avocat puisse être débordé par le travail, il se doit d’être disponible pour ses clients. Il doit répondre à leurs demandes et urgences dans un délai raisonnable. D’ailleurs, un avocat ne doit pas accepter un mandat s’il ne dispose pas du temps et des moyens suffisants pour le réaliser convenablement et le mener à terme.
Petite précision : chaque client aux prises avec un litige considère son dossier comme urgent, cependant cette urgence au niveau personnel n’en est pas nécessairement une au niveau juridique. Ainsi, lorsqu’on contacte un avocat, il est important de mentionner pourquoi on est d’avis qu’il y a urgence. L’avocat fixera alors un rendez-vous dans le délai opportun et, au besoin, fera les démarches préliminaires nécessaires pour préserver vos droits d’ici la tenue dudit rendez-vous.
3. La première rencontre
Lorsqu’on cherche un avocat pour nous représenter, il n’est pas évident lors d’un simple courriel ou d’un court appel téléphonique de développer ce lien de confiance, et ce, tant pour vous que pour l’avocat. C’est donc la première rencontre qui est primordiale.
Celle-ci donne l’opportunité de communiquer à l’avocat tous les documents et informations utiles, et l’occasion d’aborder toutes les questions sur lesquelles on s’interroge. Le but de la rencontre est de déterminer vos droits et obligations, vos chances de réussite et la stratégie pour la suite du dossier.
Il ne faut pas être surpris que l’avocat vous pose plusieurs questions, quelquefois sur des éléments que vous considérez comme pas importants, mais qui en droit peuvent faire une différence. L’avocat doit également s’assurer ne pas être en conflit d’intérêts.
Vous connaissez les faits, les lieux, les détails, les personnes impliquées dans votre dossier, mais pas l’avocat. Il a besoin de bien comprendre, pouvoir dûment se situer et faire les liens appropriés, tout cela en prenant des notes. Il est donc possible qu’il vous fasse répéter et demande des documents ou informations supplémentaires avant de pouvoir vous donner son avis.
La majorité des gens sont stressés lors d’une première rencontre avec un avocat, sachez qu’il a l’habitude, au besoin il vous guidera et obtiendra ce dont il a besoin même si vous oubliez des éléments de votre récit.
Il est également important de savoir qu’en droit, un simple détail dans une séquence d’événements peut complètement changer l’avis juridique de blanc à noir ou se perdre dans plusieurs nuances de gris. Conséquemment, ne soyez pas surpris si l’avocat refuse de répondre à des questions juridiques générales sans obtenir les faits et documents requis.
C’est aussi au cours de ce premier rendez-vous que vous conviendrez avec votre avocat des modalités de facturation et de règlement de ses honoraires. La conclusion d’une convention d’honoraires écrite dûment signée est recommandée afin de prévenir tout litige ultérieur portant sur la rémunération de l’avocat.
Au terme de la rencontre, vous pouvez lui confier un mandat, ou pas, ou encore prendre le temps d’y penser et confirmer votre décision plus tard. Dans tous les cas, tout ce que vous avez communiqué demeurera confidentiel.
4. Le mandat
Tout au long de son mandat, l’avocat s’assure de voir à votre meilleur intérêt. Son bagage professionnel lui permet de déterminer vos droits et obligations, et son objectivité lui permet de dûment vous conseiller dans la stratégie et les prises de décisions. Il est souvent difficile de prendre des décisions, ou plutôt de prendre les bonnes décisions, lorsqu’on est directement et émotionnellement impliqué dans un conflit, sans compter l’aspect financier.
Il est fort possible qu’à certaines occasions votre avocat vous dira des vérités que vous ne voulez pas entendre et/ou vous conseillera des décisions que vous ne voulez pas prendre. Il faut respecter l’honnêteté et la transparence dont il fait preuve à votre endroit. Il lui serait plus simple de vous dire ce que vous voulez entendre et agir selon vos désirs, mais est-ce que ce serait vraiment dans votre meilleur intérêt? Sans compter que ce serait contraire à son Code de déontologie.
En cours de mandat, il peut arriver que l’avis de l’avocat et celui du client deviennent incompatibles ou irréconciliables, ou encore, que le lien de confiance se dégrade ou soit rompu. Ils sont alors libres de rompre le contrat qui les unit, à tout moment.
Conclusion
N’hésitez pas à investir le temps et la somme requise pour une première rencontre avec un avocat, elle ne vous oblige pas à lui confier un mandat par la suite et les conseils que vous obtiendrez peuvent vous empêcher de vous mettre dans le pétrin, vous sortir d’une situation litigieuse ou encore simplement vous rassurer et vous permettre de dormir sur vos deux oreilles.